Jeregardais une émission télévisée où l’on parlait de la violence des jeunes
envers leurs parents. Les témoignages étaient glaçants. Des mères en larmes,
des pères désabusés et des enfants qui, sans le moindre remords, lèvent la main
sur ceux qui leur ont tout donné. Ces histoires m’ont bouleversée et m’ont
poussée à réfléchir. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment ces liens si
précieux si fragiles se sont-ils transformés en un champ de bataille ?
Il fut untemps où les liens entre parents et enfants étaient tissés de respect et
d’amour, un temps où les voix des parents portaient le poids de la sagesse et
étaient écoutées avec une attention presque sacrée. Ce temps semble si loin.
Aujourd’hui, un fossé béant sépare les générations, rempli de malentendus et de
violence.
Je vois cesjeunes. Ils n’écoutent plus. Ils n’entendent plus. Ils vivent dans un monde où
les écrans sont devenus leurs guides où TikTok et les réseaux sociaux leur
offrent une réalité déformée mais à laquelle ils s’accrochent désespérément. Ce
qu’ils voient dans ces vidéos absurdes, ces défis insensés et ces paroles vides
devient leur vérité. Et nous, parents ? Nous ne sommes plus que des ombres des
voix étouffées par le bruit de ce monde artificiel.
On leurparle. On essaie de les conseiller et de les guider mais leurs regards
s’endurcissent. Ils nous répondent avec un mépris qui déchire le cœur. « Tu ne
comprends rien! » Ces mots, je les ai entendus. Ils résonnent encore. Comment
en sommes-nous arrivés là ?
Le pire,c’est cette violence. Physique et psychologique. Voir un enfant lever la main
sur sa mère ou son père, hurler des insultes et briser ce qui devrait être le
lien le plus pur… c’est une blessure qui ne guérit jamais. Et ces parents, je
les vois. Ils ne cherchent qu’à aimer qu’à protéger. Ils donnent tout jusqu’à
leurs dernières forces pour accompagner leurs enfants. Mais à quoi bon quand
ces enfants ne voient plus qu’une figure d’autorité qu’ils rejettent ?
Est-cenotre faute ? Sommes-nous trop permissifs ? Avons-nous donné trop de droits à
ces jeunes ? Peut-être. Ou peut-être sommes-nous simplement pris dans une
société qui a changé plus vite que nous. Une société où punir est devenu un
crime où élever la voix est perçu comme une agression. Alors les parents
s’écrasent, fatigués et effrayés des conséquences.
Je repenseà mon enfance. Nos parents travaillaient dur, souvent absents mais leur absence
ne nous rendait pas irrespectueux. Nous n’aurions jamais osé leur répondre
encore moins lever la main sur eux. Nous savions qu’ils faisaient ce qu’ils
pouvaient avec ce qu’ils avaient. Et cela suffisait. Cela nous suffisait.
Aujourd’hui,ce lien est brisé. Les jeunes ne voient plus leurs parents comme des repères ou
des piliers mais comme des obstacles. Ils écoutent tout et n’importe quoi… sauf
leurs parents. Nous sommes dans une époque où les rôles semblent inversés où ce
sont les enfants qui dictent les règles et où les parents marchent sur des œufs
pour ne pas briser une relation déjà fragile. Et cela meterrifie.
Nous avonsperdu quelque chose. Une valeur essentielle, une base fondamentale de la
société. Peut-être pouvons-nous la retrouver mais à quel prix ? Peut-être que
tout n’est pas perdu. Il faut réapprendre à construire des ponts. Leur montrer
avec patience et amour que l’écoute et le respect sont les fondements de toute
relation. Rappeler aux jeunes que l’amour parental n’est pas un dû mais un
cadeau et surtout une force à chérir.
Je n’ai pastoutes les réponses. Mais je crois que nous pouvons encore reconstruire. Cela
demandera du temps de la patience et beaucoup d’amour mais les liens familiaux
sont plus forts qu’il n’y paraît. Ils ne disparaissent jamais complètement. Il
suffit parfois d’un pas, d’une main tendue, pour rouvrir le dialogue et ramener
un peu de lumière dans une relation ternie par l’incompréhension.
Je sais unechose : si cette fracture continue de s’élargir, si nous ne trouvons pas un
moyen de reconstruire ce lien, nous risquons de perdre beaucoup plus que le
respect. Nous risquons de perdre une génération.