Julien avait trouvé Minou un jour pluvieux; un petit chaton tremblant abandonné au pied d’une vieille boîte en carton. Sans hésiter, il l’avait pris dans ses bras et l’avait ramené chez lui offrant à l’animal non seulement un toit mais un monde entier de tendresse. Julien, un homme simple et discret, n’avait pas beaucoup d’amis… Minou était devenu son confident, son ombre et son seul véritable compagnon.
Les jours s’écoulaient entre des caresses silencieuses, des jeux légers et les ronronnements de Minou qui résonnaient comme une mélodie apaisante dans la maison; Julien parlait à son chat comme à un être humain et Minou semblait comprendre, il se couchait sur ses genoux lors des longues soirées d’hiver et le suivait partout dans la maison; quand Julien lisait, Minou posait délicatement sa tête sur ses genoux comme pour partager cet instant. C’était une relation faite d’un amour pur sans condition.
Cependant, le temps ne fait jamais de pause. Julien vieillissait et Minou le sentait… ses mouvements devenaient plus lents, sa voix plus faible. Le chat s’installait toujours à ses côtés veillant sur lui, comprenant avec une intuition animale que quelque chose changeait.
Un matin, Julien ne se réveilla pas. Minou, blotti contre son maître comme chaque nuit, sentait le froid de son corps, il miaula doucement puis plus fort comme s’il voulait le réveiller, mais Julien était parti. Alors Minou resta là, immobile, les yeux grands ouverts fixant son ami; une douleur sourde envahissait son petit cœur.
Les jours qui suivirent furent un calvaire; les héritiers de Julien arrivèrent rapidement, emballant les affaires, vidant la maison de tout ce qui faisait leur foyer. Minou observait, caché sous une chaise, tremblant d’incompréhension et d’effroi; ils ne voulaient pas de lui. Un matin, ils le prirent, le mirent dans une cage et l’abandonnèrent au bord d’une route déserte, sans un mot ni un regard.
Minou resta là figé longtemps, la route s’étendait à perte de vue; il n’était jamais sorti de la maison… le vent était glacial et les bruits des voitures lui donnaient envie de se cacher, mais il n’avait nulle part où aller; ses pattes fragiles tremblaient à chaque pas, il erra cherchant désespérément une odeur, un signe de Julien. Il avait faim, il avait froid mais plus que tout, il avait peur. Chaque nuit, il rêvait du rire de Julien, de sa voix douce l’appelant et chaque matin, il se réveillait dans un monde cruel.
Minou, finit par trouver refuge dans un coin sombre, près d’un vieux bâtiment abandonné; son corps s’affaiblissait, il mangeait à peine et buvait l’eau des flaques de pluie… il ne miaulait plus. Les souvenirs de Julien étaient tout ce qui le maintenait en vie, il revoyait les soirées au coin du feu, les caresses réconfortantes et l’amour inconditionnel de son maître. Mais la douleur de l’absence était trop forte.
Une nuit sous un ciel étoilé, Minou sentit ses forces l’abandonner, il se coucha la tête posée sur ses pattes et ferma les yeux. Dans ses derniers instants, il rêva qu’il était de retour chez lui dans les bras de Julien, il sentit sa main passer doucement sur son pelage entendit sa voix murmurer :
« Tu es un bon chat Minou… je suis fier de toi ». Et alors, son petit cœur cessa de battre emporté par l’amour et la douleur.
#Nadia B.
Réflexion
Les animaux ne sont pas des objets que l’on peut abandonner ou maltraiter sans conséquences. Ils ressentent, ils aiment, ils pleurent. Minou, dans son dévouement à Julien, nous montre que l’amour d’un animal est pur et sincère. Si nous choisissons d’accueillir ces âmes innocentes dans nos vies, nous avons la responsabilité de les aimer et de les protéger jusqu’au bout. Leur amour pour nous est un cadeau précieux et leur souffrance est un reflet de notre indifférence. Prenons soin d’eux pour que plus jamais un animal n’ait à mourir d’un cœur brisé.